La Trilogía del Doctor Uriel

La trilogía del Doctor Uriel , un roman graphique inspiré des Mémoires du Docteur Pablo Uriel Díez et écrit par Sento Llobell, gendre du Docteur Uriel, Astiberri  Ediciones, Bilbao, 2013, 2015 et 2016.

« Un médico novato » (un médecin novice) est la 1ère partie de la trilogie qui adapte les Mémoires du Docteur Pablo Uriel et qui se poursuit dans le 2nd volume « Atrapado en Belchite » (capturé à Belchite) et le 3ème volume « Vencedor y vencido » (vainqueur et vaincu).

L’édition intégrale « Doctor Uriel » est disponible depuis le début de l’année 2017.

Grâce aux écrits que Pablo Uriel a laissés – un manuscrit semi-clandestin sous la dictature franquiste paru sous le nom de « No se fusila en domingo », Edición Pretextos (2005) –  et aux photographies, lettres et documents que la famille Uriel a conservés de cette époque, Sento Llobell, dessinateur de la Nouvelle École de Valence des années 80, a pu reconstruire une partie de son histoire et la concrétiser en une œuvre unique qui a reçu le Prix International FNAC-SINS entido de Roman Graphique en 2013, pour le premier volume « Un médico novato ».

Au début de la Guerre Civile espagnole, le coup d’état militaire des «Nationalistes» triomphe à Zaragoza. Tous les jeunes d’âge militaire sont mobilisés et beaucoup d’entre eux sont immédiatement emprisonnés pour être de gauche ou pour appartenir à un syndicat ou simplement par des dénonciations anonymes.

L’été 1936, Pablo a 21 ans, il vient d’obtenir le diplôme de médecin de la Faculté de Médecine de Zaragoza. Il vit Calle Hernán Cortés à Zaragoza avec son père, ses 5 sœurs, ses 2 frères  Antonio et Constan, sympathisants de Izquierda Republicana (Gauche Républicaine) ; lui est proche de la Federación Universitaria Escolar (F.U.E.). En juillet 1936, Pablo est envoyé à Rincón de Soto,  un petit village de la Rioja, comme médecin remplaçant, où il commence son parcours professionnel, plein d’illusions. À ce moment il ne peut pas imaginer que soudain sa vie et celle de tout le pays vont devenir un cauchemar.

18 juillet 1936, les Requetés (miliciens carlistes espagnols) entrent dans le village, c’est le début de la terreur pour la population civile. Quelques jours après le début du conflit, il est arrêté et emprisonné à l’Académie militaire de Zaragoza devenue une prison militaire très dure, d’où peu de prisonniers sortent vivants (moins de 20% de survivants) et où il  passera 3 mois. Son frère Constan aura aussi la chance d’en sortir  mais pas son frère aîné Antonio, qui sera fusillé avec 15 de ses camarades le 1er septembre 1936 dans la forêt de Bayubas de Abajo.

Lien en français pour le synopsis de « Un médecin novice » : Un médecin novice – Sento Llobell

Lien en espagnol pour la bande-annonce de « Un médico novato » : Un medico novato

Atrapado-en-Belchite-portadaLe 19 novembre 1936, Pablo Uriel est libéré et doit réincorporer son poste de médecin au quartier militaire de Pontoneros à Zaragoza mais paradoxalement, à l’arrière-garde, il ne se sent pas en sécurité, craignant les dénonciations anonymes dans une ville sous tension, à la merci de la terreur « nationaliste », submergé par l’anxiété et les souvenirs de ce qu’il a vécu en prison.  Il sollicite alors une affectation sur le front d’Aragon  avec l’idée de déserter et de passer en zone républicaine.

Il est donc affecté le 19 décembre 1936 à la Estación de Azuara où il passe plusieurs mois à soigner les blessés. Il survit au dramatique siège et à la prise de Belchite, une des plus sanglantes batailles du Front de l’Èbre, en août 1937 (environ 15%de survivants). Pablo s’est retranché avec les blessés dans l’Église paroissiale San Martín devenue un hôpital où les conditions sanitaires déplorables l’amènent avec ses collègues médecins à pratiquer ce qu’il appelle dans ses Mémoires  une « chirurgie du paléolithique ». Le 6 septembre 1937, c’est la fin des combats et Belchite devient Républicaine. Il est fait prisonnier par l’armée républicaine et échappe au peloton d’exécution eu égard à ses engagements républicains de 1936, aux témoignages des habitants et voisins de Belchite (il est un « rojo » pour les « Nationalistes ») et à son dévouement de médecin pendant le siège. Il n’est pas autorisé à être intégré comme médecin dans l’armée républicaine comme il l’aurait souhaité.

Lien en espagnol pour la bande-annonce de « Atrapado en Belchite » : Atrapado en belchite

Vencedor-y-vencidoSeptembre 1937- Mars 1939 : Pablo Uriel connaît à nouveau la prison, cette fois une prison républicaine à Valence où il y passera un an et demi, d’abord au Monasterio del Puig. Seul  médecin, il va être chargé  des soins et de l’organisation sanitaire pour des centaines de prisonniers d’abord dans la prison puis dans un bataillon de prisonniers qui construit des routes à Serra et Godella.

29 mars 1939 à Alicante : fin de la Guerre d’Espagne, Pablo Uriel est libéré et va retrouver sa famille à Zaragoza pendant que son amie infirmière Cecilia fuit par Gérone et traverse à pied la frontière française. Ils se retrouvent et se marient à La Corogne en 1944, où Pablo Uriel exercera comme radiologue pendant 40 ans…

Lien en espagnol pour la bande-annonce de « Vencedor y vencido » : Vencedor y vencido

La « Trilogía del Doctor Uriel » est un roman graphique extraordinaire, passionnant et très émouvant, basé sur des faits réels, une histoire réelle et des documents et témoignages d’époque. Il évoque le parcours hors du commun d’un jeune médecin profondément humaniste, pendant la Guerre d’Espagne sur le front d’Aragon et nous fait entendre une voix intelligente et sereine alors que sévit la terreur. Il est illustré par un album de souvenirs en annexe de chaque volume :

  • Des photographies de Pablo Uriel en 1936, sur les bords de l’Èbre, en canoë ou avec ses amis de la F.U.E.
  • Un portrait de son frère Antonio ainsi que des photographies prises le jour de l’exhumation des restes d’Antonio et de ses 15 camarades, le 6 novembre 1971, dans une fosse de la pinède de Soria.
  • Des photographies du père et des sœurs de Pablo écoutant la lecture de ses lettres écrites en prison ou sur le Front.
  • Des lettres écrites dans sa cellule de la prison militaire de Zaragoza, Celda 14.
  • Des lettres de ses sœurs.
  • Des extraits des Mémoires de Pablo Uriel.
  • Des photographies de Pablo Uriel à Belchite en 1937 et en 1960, devant l’église de San Martín en ruine.
  • Une lettre d’un blessé à Belchite, témoignant des soins du Docteur Uriel.
  • Des documents divers témoignant de son parcours, son diplôme de médecin de la Faculté de Médecine de Zaragoza, des documents du Comité International de la Croix-Rouge, etc…
  • La photographie d’une boîte en albâtre, avec l’emblème médical et les initiales de Pablo Uriel, sculptés par un compagnon de prison du Monasterio del Puig.
  • Le document attestant de la « Medalla de Sufrimientos por la Patria » en février 1941, en tant que prisonnier de guerre, qu’il n’est jamais allé chercher…

Marie Le Bihan