La pièce Frères au Carré Magique de LANNION, parvis des Droits de l’Homme, le mardi 20 et le mercredi 21 mars 2018

Au Carré Magique de LANNION (22300), au parvis des Droits de l’Homme, vous pourrez assister le mardi 20 et le mercredi 21 mars 2018 à la pièce de théâtre de la Compagnie Les Maladroits : Frères

Affiche de la pièce de Théâtre : Frères

La presse locale en parle (L’hebdomadaire Le Trégor) : 

Le Trégor numéro 1785 du 15 mars 2018

 

Cette pièce de théâtre d’objets, jouée par Arno Wögerbauer et Valentin Pascrimaud, nous conte ce que fut le destin de Ángel Marín, le grand-père d’Arno, après la défaite des combattants républicains espagnols de la Guerre d’Espagne 1936-1939 quand  Barcelona tombe le 26.01.1939 aux mains des franquistes. Ángel, est un combattant anti-fasciste et anarchiste de la C.N.T. – F.A.I. ( Confederación Nacional del Trabajo – Federación Anarquista Ibérica). Il  connaît « La Retirada » en février 1939 (L’Exode, puis l’Exil à Toulouse).

« Leur théâtre d’objets est, pour Arno et Valentin, un devoir de mémoire : comprendre, transmettre et ne pas oublier »

Les objets qu’ils manipulent ou qu’ils portent symbolisent tout ce qui s’est passé durant la Guerre d’Espagne 1936-1939,  « La Retirada » et l’exil en France et ailleurs :

Tout d’abord, au début de la bande-annonce de cette pièce de théâtre, quand Arno, assis, se lève, l’on entend un bruit qui ressemble à une sirène. Ce son strident rappelle la sirène qui était activée lors des bombardements de l’aviation nazie de Hitler et celle fasciste de Mussolini sur les populations civiles afin que celles-ci aillent se réfugier dans les abris construits par le gouvernement républicain.

 

Puis sur la table, les forces en présence de cette Guerre d’Espagne 1936-1939 sont représentées à gauche par 1 pistolet et 1 croix et à droite par 1 révolver et 1 affiche de la C.N.T./A.I.T.

À gauche, le pistolet ou arme de poing plus performante que le révolver et donc plus meurtrière, symbolise le camp « nationaliste » de Franco et la complicité des aides extérieures venues l’épauler (la Légion Condor de l’Allemagne nazie d’Hitler, le Corpo Truppe Voluntarie de l’Italie fasciste de Mussolini, les volontaires portugais du dictateur Salazar, etc ….).Toujours à gauche, la croix qui représente l’appui d’une grande partie de l’Église catholique d’Espagne, accordé au camp « nationaliste ».

À droite, un révolver ou arme de poing de puissance inférieure à un pistolet, symbolise l’armée populaire de la République légale espagnole. L’affiche de la C.N.T/A.I.T. représente les Milices confédérales C.N.T./F.A.I.. Ce camp républicain recevra l’aide des Brigades internationales (environ 35 000 volontaires venant de 53 pays), de l’Union soviétique (en matériel mais peu d’hommes) et du Mexique (uniquement des armes).

Le château en sucre représente le siège de l’Alcázar de Toledo qui a eu lieu du 19 juillet 1936 au 26 septembre 1936.

Les camps de « concentration » en France, quand Arno demande à Valentin : « Vas-y, construis ton camp de « concentration ». Et Valentin fait tomber tout ce qui est sur la table, qui se retrouve totalement nue. Ceci, évoque le camp de « concentration » d’Argelès-sur-Mer, en autre, « donde no había nada, ni barracones, ni letrinas, una comida insuficiente, sólo el  frío y la nieve » en février 1939 (où il n’y avait rien, ni baraquements, ni toilettes, très peu de nourriture, uniquement le froid et la neige).

La « manta » rappelle la couverture dans laquelle ils s’enroulaient pour dormir lors de « La Retirada » ou sur la plage de sable d’Argelès-sur-Mer ou dans d’autres « camps de concentration » comme Saint-Cyprien ou Le  Barcarès.

La valise ou la « maleta » que de nombreux réfugiés ont transportée lors de leur passage à la frontière franco-espagnole et durant leur exil en France et parfois, pour certains, dans les camps de concentration nazis en Allemagne.  

Les espadrilles ou « alpargatas » que portent Arno et Valentin symbolisent la pauvreté en Espagne. Il n’y avait que les gens pauvres qui avaient ce style de chaussures.

      Dans la pièce de théâtre « FRÈRES », se trouve en fond sonore le chant emblématique de la C.N.T. –  F.A.I. qui était chanté durant le conflit et est toujours interprété : « A LAS BARRICADAS » .

Ci-joint le lien :

Les paroles de ce chant :

Negras tormentas agitan los aires.

Nubes oscuras nos impiden ver.

Aunque nos espere el dolor y la muerte

Contra el enemigo nos llama el deber.

El bien más preciado es la libertad

Hay que defenderla con fe y valor.

Alza la bandera revolucionaria

 que del triunfo sin cesar nos lleva en pos

Alza la bandera revolucionaria

que del triunfo sin cesar nos lleva en pos

En pie el pueblo obrero, a la batalla

Hay que derrocar a la reacción.

¡ A las barricadas !

¡ A las barricadas !

Por el triunfo de la Confederación

.¡ A las barricadas !

¡ A las barricadas !

Por el triunfo de la Confederación.

 

Traduction en français : 

Des tempêtes noires agitent les airs.

Des nuages sombres nous empêchent de voir.

Même si la mort et la douleur nous attendent,

Le devoir nous appelle contre l’ennemi.

Le bien le plus précieux est la liberté,

Il faut la défendre avec foi et courage.

Lève le drapeau révolutionnaire,

Qui mène le peuple à l’émancipation.

Debout peuple ouvrier au combat,

Il faut vaincre la réaction.

Aux barricades ! Aux barricades !

Pour le triomphe de la Confédération.

Aux barricades ! Aux barricades !

Pour le triomphe de la Confédération.

 

 

Dans cette même pièce de théâtre  « FRÈRES », le poème de Antonio Machado se trouve récité, également, en fond sonore :

Machado
Antonio Machado

CAMINANTE NO HAY CAMINO : poème extrait du recueil de POESÍAS COMPLETAS, chapitre Campos de Castilla (Proverbios y cantares).

 

Caminante no hay camino [Toi qui marches, il n’existe pas de chemin]

Todo pasa y todo queda, [Tout passe et tout reste,]
pero lo nuestro es pasar, [mais le propre de l’homme est de passer,]
pasar haciendo caminos, [passer en faisant des chemins,]
caminos sobre el mar. [des chemins sur la mer.]

Nunca perseguí la gloria, [Je n’ai jamais cherché la gloire,]
ni dejar en la memoria [ni cherché à laisser dans la mémoire]
de los hombres mi canción; [des hommes ma chanson ;]
yo amo los mundos sutiles, [j’aime les mondes subtils,]
ingrávidos y gentiles, [légers et aimables,]
como pompas de jabón. [comme des bulles de savon.]

Me gusta verlos pintarse [J’aime les voir se peindre]
de sol y grana, volar [de soleil et de rouge, voler]
bajo el cielo azul, temblar [sous le ciel bleu, trembler]
súbitamente y quebrarse… [soudainement et se rompre…]

Nunca perseguí la gloria. [Je n’ai jamais cherché la gloire.]

Caminante, son tus huellas [Toi qui marches, ce sont tes traces]
el camino y nada más; [qui font le chemin, rien d’autre ;]
caminante, no hay camino, [toi qui marches, il n’existe pas de chemin,]
se hace camino al andar. [le chemin se fait en marchant.]

Al andar se hace camino [En marchant on fait le chemin]
y al volver la vista atrás [et lorsqu’on se retourne]
se ve la senda que nunca [on voit le sentier que jamais]
se ha de volver a pisar. [on n’empruntera à nouveau.]

Caminante no hay camino [Toi qui marches, il n’existe pas de chemin]
sino estelas en la mar… [si ce n’est le sillage dans la mer…]

Hace algún tiempo en ese lugar [Il fut un temps dans ce lieu]
donde hoy los bosques se visten de espinos [où aujourd’hui les bois s’habillent d’épines]
se oyó la voz de un poeta gritar [on entendit la voix d’un poète crier]
“Caminante no hay camino, [“Toi qui marches, il n’existe pas de chemin,]
se hace camino al andar…” [le chemin se fait en marchant…”]

Golpe a golpe, verso a verso… [Coup après coup, vers après vers…]

Murió el poeta lejos del hogar. [Le poète mourut loin de chez lui.]
Le cubre el polvo de un país vecino. [Il est recouvert de la poussière d’un pays voisin.]
Al alejarse le vieron llorar. [En s’éloignant on le vit pleurer.]
“Caminante no hay camino, [Toi qui marches, il n’existe pas de chemin,]
se hace camino al andar…” [le chemin se fait en marchant…]

Golpe a golpe, verso a verso… [Coup après coup, vers après vers…]

Cuando el jilguero no puede cantar. [Quand le chardonneret ne peut chanter]

Cuando el poeta es un peregrino, [Quand le poète est un pèlerin,]
cuando de nada nos sirve rezar. [quand il ne sert à rien de prier.]
“Caminante no hay camino, [“Toi qui marches, il n’existe pas de chemin,]
se hace camino al andar…” [le chemin se fait en marchant…”]

Golpe a golpe, verso a verso. [Coup après coup, vers après vers.]

 

Ce lien pour écouter Miki récitant le poème d’Antonio Machado « Caminante, no hay camino » :

 

 

Antonio Machado

 Antonio Machado naît le 26.07.1875 à Sevilla et est  un des grands poètes espagnols de la génération de 98. En 1936, quand le soulèvement militaire  des généraux rebelles se produit, il se range du côté des républicains. En février 1939, il connaît comme beaucoup la « Retirada ». Épuisé, il meurt le 22.02.1939 à Collioure (Pyrénées-Orientales). Il repose dans une tombe au cimetière de Collioure, édifiée grâce  à l’initiative du violoncelliste Pablo Casals. Sur cette tombe, se trouve une boîte aux lettres où les visiteurs qui viennent se recueillir peuvent y déposer un petit message à l’attention de ce grand Monsieur de la poésie espagnole.

La pièce de théâtre « FRÈRES » a reçu le Prix MOMIX en 2017 (jury des professionnels et jury des jeunes).

 

 

Claudine Allende Santa Cruz.                                                                                        le 19 mars 2018.