L’exil en Russie de Félix José Allende Santa Cruz et Francisca Gómez Ruiz

Le livre « Palabras huérfanas » (Paroles orphelines) de Verónica Sierra Blas raconte, en particulier, l’exil des enfants de la Guerre d’Espagne 1936-1939 vers la Russie.

Dans ce pays, ces « Niños de la guerra » (Enfants de la guerre) sont regroupés dans les « Casas de niños » (Maisons d’enfants). Ils sont encadrés par des « Educadores » (Éducateurs) espagnols et sont scolarisés par  des « Maestros » (Maîtres) espagnols.

Un de ces « Maestros » s’appelle Félix José Allende Santa Cruz, né le 20.11.1907 ou 1906 à Maliaño de Camargo (province de Santander-Castilla la Vieja). Pendant la Guerre d’Espagne, il fait partie de l’Aéronautique Navale en tant que Capitaine en chef de l’ État-Major (A.R.B.), copilote et observateur. Il connaît ensuite la Retirada en février 1939, le camp de « concentration »  de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales) et celui de Gurs (Basses-Pyrénées) où sont internés, en autres, les aviateurs espagnols restés fidèles à la République.

Félix José Allende Santa Cruz 001

Puis c’est l’exil en Union soviétique à Stalingrad, en autre, à la « Casa de niños » numéro 20 où il devient « Maestro ». Mais le 22.06.1941 la Russie est envahie par les troupes hitlériennes. À partir de juillet 1942, elles atteignent Stalingrad. En août 1942, la ville est bombardée par les avions allemands et Félix José Allende Santa Cruz est abattu alors qu’il accompagne un groupe d’enfants de la « Casa de niños » de la cité afin de les mettre à l’abri. Le récit de sa mort est relaté dans le livre de Francisco Meroño Pellicer « De nuevo al Combate-Aviadores Republicanos en el cielo soviético » paru en 2005, pages 158, 159 et 160 : 

De nuevo al combate. Aviadores republicanos en el cielo soviético

« José Pascual Santamaría (pilote de chasse à Stalingrad) et Domingo Bonilla Domingo (pilote volontaire en Russie) se rendent à une réunion à Stalingrad dans une usine de réparation de chars de combat. Dans un virage de la route qu’ils empruntent, ils découvrent un camion renversé et des enfants effrayés, disséminés dans les alentours et dans un fossé. Pascual et Domingo leur posent quelques questions :

Où allez-vous ? Nous ne savons pas, nous sortons de la « Casa de niños » pour être évacués. Le bombardement nous a surpris ; le responsable a été tué.

Qui était le responsable ? Félix Allende ; il est ici, il est mort.

Comment est-il mort ? Il a vu se rapprocher les avions ennemis et nous a conduits dans ce fossé pour nous réfugier, mais deux enfants étaient encore dans le camion. Il a couru vers le camion pour récupérer Carmencita et Pepito, mais il n’y est pas arrivé, la bombe a explosé près de lui ; le camion s’est renversé. Et Carmencita et Pepito de dire : « Allende pagó con su vida por salvarnos » (Allende a perdu la vie pour nous sauver). »

Une de ces « Educadoras » se nomme Francisca Gómez Ruiz, née en 1918 à Málaga (province de Málaga-Andalucía) et est l’épouse de Félix José Allende Santa Cruz. Elle connaît aussi l’exil en Russie. Elle embarque depuis Valencia sur le navire marchand « Cabo de Palos » le 21 mars 1937 à destination de ce pays d’accueil. Elle débarque le 28 mars 1937 à Yalta en Ukraine. Elle est «Educadora » à la « Casa de niños » numéro 2. Après la mort en août 1942 de son mari, elle reste en Union soviétique. Elle se marie avec Ramón Estarelles Úbeda. Ils reviennent en Espagne à une date non précisée. Cet exil vers l’Union Soviétique est conté à la page 91 dans le livre « Los andaluces en el exilio del 39 », volume coordonné par le professeur de l’université de Almería (Andalucía) Fernando Martínez López (parution en 2015).

Les renseignements, concernant F. J. Allende Santa Cruz et F. Gómez Ruiz, proviennent en partie du livre de Ángel Luis Encinas Moral de l’Université Complutense de Madrid :  « Fuentes históricas para el estudio de la emigración a la U.R.S.S. (1937-2007) » paru en 2008.

http://www.exterior21.org/publicaciones/FUENTES%20HISTORICAS%20EMIGRACION%20URSS.pdf

Dans cet ouvrage provenant des Archives de l’Union soviétique, sont nommés :

  • numéro 2336 Enrique Líster Forján, lieutenant colonel de l’Armée populaire espagnole.
  • numéro 2759 Francisco Meroño Pellicer, auteur du livre « De nuevo al combate ».
  • numéro 3709 Amaya Ruiz Ibárruri, fille de Dolores Ibárruri, « La Pasionaria ».
  • numéro 3710 Rubén Ruiz Ibárruri, fils de Dolores Ibárruri, mort à Stalingrad le 03.09.1942.
  • numéros 4180, 4181 et 4182 : Ernesto, Francisco et Piedad Vega de la Iglesia, les enfants de Ernesto Vega, dont la lettre d’adieu figure dans le livre de Verónica Sierra Blas « Palabras huérfanas » , aux pages 271 et 272.  Dans ce courrier du 15.11.1939, Ernesto Vega écrit, depuis une prison espagnole, qu’il va être exécuté et demande à ses trois enfants Ernesto, Francisco et Piedad Vega de la Iglesia de prendre soin de leur mère et d’aller la retrouver dès que possible. Ils n’ ont certainement pas lu cette lettre de leur père, mais tous les trois sont revenus en Espagne, à une date non connue ; Ernesto, Francisco et Piedad Vega de la Iglesia sont originaires de Bilbao (province de Vizcaya-País Vasco).

Claudine Allende Santa Cruz, nièce de Félix José Allende Santa Cruz et de Francisca Gómez Ruiz

 

Parcours de Félix José Allende Santa Cruz relaté par Antonio Otelo Gómez de la revue ICARO, Boletín informativo de la Asociación de Aviadores de la República, N° 133 de diciembre 2020 :

Revista ICARO N°133 de Diciembre 2020. Félix José ALLENDE SANTA CRUZ.