Hommages les 27 et 28 janvier 2024 à Nantes aux martyrs des Procès des “42” et des “16” : cinq d’entre eux étaient des Républicains espagnols

Dionisio ORDOVÁS, porte-drapeau de la République espagnole du Comité départemental du souvenir des fusillés de Nantes et Châteaubriant.
Dionisio ORDOVÁS, porte-drapeau de la République espagnole du Comité départemental du souvenir des fusillés de Nantes et Châteaubriant.

Le samedi 27 janvier 2024, c’est au Champ de tir du BÊLE à Nantes qu’a eu lieu la cérémonie organisée par la ville de Nantes et le Comité départemental du Souvenir des fusillés de Nantes et de Châteaubriant en présence du sous-préfet, de l’adjoint de la ville de Nantes et de diverses associations patriotiques. En cet endroit devenu aujourd’hui “un des sites emblématiques des cérémonies mémorielles pour les victimes de la Seconde Guerre mondiale” 81 personnes y ont été exécutées par les nazis entre 1941 et 1943.

Le 22 octobre 2018 a été inaugurée “une nouvelle plaque présentant la liste corrigée” des 81 noms.

 

 

 

 

Cinq Républicains espagnols font partie de ces victimes qui ont été fusillées par les nazis en ce lieu le 13 février 1943. Il s’agit de :

Les 5 Républicains espagnols fusillés le 13.02.1943 au Champ de tir du Bêle Nantes. AD 44.
Les 5 Républicains espagnols fusillés le 13.02.1943 au Champ de tir du Bêle Nantes. AD 44
  • Benedicto BLANCO DOBARRO, né le 23/03/1917 à Amiudal, une des 9 paroisses de la ville de Avión, dans la province de Orense, en GALICE. (En haut, à gauche sur le document des AD 44);
  • Basilio BLASCO MARTÍN, né le 15/04/1920 à Rudilla, dans la province de Teruel en ARAGÓN. (En haut, au milieu sur le document des AD 44);
  • Alfredo GÓMEZ OLLERO, né le 09/11/1905 à Paderne de Allariz, dans la province de Orense, en GALICE. (En haut, à droite sur le document des AD 44);
  • Ernesto PRIETO HIDALGO, né le 03/11/1918 à Villanueva del Duque, dans la province de Córdoba en ANDALOUSIE. (En bas à gauche sur le document des AD 44);
  • Miguel SÁNCHEZ TOLOSA, né le 27/12/1920 à Hellín, dans la province de Albacete, qui à cette époque faisait partie du Royaume de Murcia et qui, aujourd’hui, se trouve dans la Communauté autonome de CASTILLA la MANCHA. (En bas à droite sur le document des AD 44).

Le lendemain, dimanche 27 janvier 2024, une autre cérémonie a eu lieu au cimetière de La Chapelle-Basse-Mer organisée par la municipalité et le Comité du souvenir des fusillés Résistance 44 où ont été inhumés en février 1943 les 5 Résistants Républicains espagnols fusillés au Champ de tir du Bêle. La mention “Mort pour la France” leur a été attribuée à chacun d’entre eux par Le Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en juin 1947 et doit figurer sur leur acte de décès.

Cimetière de la Chapelle-Basse-Mer (44) où sont enterrés le 5 Républicains espagnols fusillés à Nantes le 13/02/1943

La presse régionale en a parlé : https://nantes.maville.com/actu/actudet_-divatte-sur-loire.-dimanche-un-hommage-aux-resistants-espagnols-fusilles-_dep-6131891_actu.Htm

 

Un petit rappel pour Alfredo Gómez Ollero qui, depuis le 28 janvier 2023, a une rue à son nom dans la ville de Nantes.

Plaque Rue Alfredo Gómez Ollero à Nantes
Plaque Rue Alfredo Gómez Ollero à Nantes

Des membres de la famille de Alfredo sont venus d’Espagne pour assister à cet émouvant hommage en présence du sous-préfet Pascal Otheguy, l’ambassadeur d’Espagne en France Victorio Redondo Baldrich, l’adjoint de la ville de Nantes Olivier Chateau, la consule honoraire de Rennes et Nantes,  notre amie Soizic Dubosquet etc…

La presse régionale en a parlé en 2023 : https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/nantes-cinq-espagnols-parmi-les-48-fusilles-du-bele-733cc452-9f19-11ed-ba61-53f7b549f1bc

Il est à préciser également qu’en 2006 une plaque a été apposée sur la maison natale de Alfredo Gómez Ollero à Paderne de Allariz en GALICE.

Une dernière information très intéressante que j’ai trouvée sur le site “MEMORICA MÉXICO” et qui aurait pu changer les destins de Benedicto BLANCO DOBARRO, de Basilio BLASCO MARTÍN et de Ernesto PRIETO HIDALGO et, donc, de ne pas tomber sous les balles nazies le 13 février 1943 à Nantes.

En effet, au cours de l’été 1940 un accord a été signé entre le gouvernement du président des États-Unis mexicains  Lázaro CÁRDENAS et l’État français du maréchal PÉTAIN, “accord d’après lequel les espagnols réfugiés en France pourront, s’ils en expriment le désir, partir au Mexique et s’y installer”.

Article de la presse de septembre 1940. Les réfugiés espagnols pourront s'installer au Mexique.
Article de la presse de septembre 1940. Les réfugiés espagnols pourront s’installer au Mexique.

C’est sous forme d’un échange de lettres entre les intéressés à l’émigration au Mexique et le Consul général de la République mexicaine à Paris que devait être réalisé cet accord. Mais Benedicto, Basilio et Ernesto, nos trois protagonistes qui ont fait les demandes en septembre et octobre 1940 pour partir en exil au Mexique comme ils l’espéraient, n’ont certainement jamais eu de réponses à leurs courriers.

Voici une traduction succinte de leurs lettres :

  • Benedicto BLANCO DOBARRO (Lettre 507) a écrit depuis Orléans (Loiret) le 13 septembre 1940. Il précise qu’il a défendu la République espagnole jusqu’à la fin du conflit, a 23 ans, est célibataire, est né à Avión dans la province de Orense en GALICE. Puis il note son adresse à Orléans au numéro 12 de la Place du Jardin des Plantes.

    Carta emigración a México de Benedicto BLANCO DOBARRO
  • Basilio BLASCO MARTÍN (Lettre 5500) a écrit depuis Heubécourt (Eure) le 7 octobre 1940. Il précise qu’il est le fils de Carlos et Gregoria, est né à Rudilla dans la province de Teruel en ARAGÓN, a 21 ans, est célibataire, est agriculteur et a son domicile à Heubécourt. Il note aussi qu’il a fait partie des J.S. (Jeunesses Socialistes) avant la guerre. Il rajoute qu’il est réfugié en France depuis le 9 février 1939 et a passé la frontière par Puigcerdà, qu’il a connu les camps de “concentration” du Vernet d’Ariège, de Septfonds d’où il est sorti pour travailler dans l’agriculture. Il dit dans son courrier qu’il a demandé depuis avril 1939 de partir en exil au Mexique et d’être inscrit sur les listes de réfugiés espagnols voulant émigrer au Mexique.
    Carta emigración a México de Basilio BLASCO MARTÍN. Página 1

    Carta emigración a México de Basilio BLASCO MARTÍN. Página 2
  • Ernesto PRIETO HIHALGO (Lettre 4853) a écrit le 29 septembre 1940 depuis Heubécourt (Eure), tout comme Basilio BLASCO MARTÍN. Il précise qu’il est le fils de José et Natividad, est né à Villanueva del Duque dans la province de Córdoba, a 21 ans, est célibataire, est agriculteur et demeure à Heubécourt. Il note aussi qu’avant la guerre il était affilié aux J.S. (Jeunesses Socialistes). Il rajoute qu’il a trouvé refuge en France à partir du 7 février 1939 et a traversé la frontière par Portbou avec son corps d’armée. Il note qu’il a été interné dans les camps de “concentration” d’Argelès-sur-Mer, du Vernet d’Ariège, de Septfonds d’où il est sorti pour travailler dans l’agriculture. Il dit dans son courrier qu’il a sollicité depuis avril 1939 de partir en exil au Mexique et demande à être inscrit sur les listes de réfugiés espagnols désirant émigrer au Mexique.
Carta emigración a México de Ernesto PRIETO HIDALGO. Página 1
Carta emigración a México de Ernesto PRIETO HIDALGO. Página 1
Carta emigración a México de Ernesto PRIETO HIDALGO. Página 2
Carta emigración a México de Ernesto PRIETO HIDALGO. Página 2

Vifs remerciements à nos amis de Nantes Carlos FERNANDEZ et Luis GARRIDO.

 

Claudine Allende Santa Cruz de MERE 29
Le 4 février 2024