Ceux qui construisent des ponts

La UNE de couverture : Alfonso Zapico, Fermin Muguruza et Eduardo Madina devant le pont transbordeur de Portugalete, près de Bilbao. ISBN : 978-2-7548-2637-2

Les Éditions Futuropolis publient en français la BD historique de l’Asturien Alfonso Zapico Ceux qui construisent des ponts (traduit de l’espagnol par Hélène Dauniol-Remaud et en librairie depuis le 3 avril 2019).

Plus d’informations par Futuropolis : Résumé de la B.D. , quelques planches, biographie d’Alfonso Zapico:

http://www.futuropolis.fr/fiche_titre.php?id_article=F00143

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Extrait de la B.D. :

https://www.youtube.com/watch?v=VdoFObjy_iQ

Ce très bel ouvrage de 2019, en noir et blanc,  fait suite à la publication en Espagne en 2018 par les Ediciones ASTIBERRI de Bilbao des versions originales en basque « ZUBIGILEAK » (mot unique en basque qui signifie « Ceux qui construisent des ponts ») et en castillan « LOS PUENTES DE MOSCÚ » (Pourquoi Moscú ? C’est un clin d’œil de l’auteur à Fermin qui demeure à Irún près de la place d’Urdanibia , encore appelée « Place rouge » dans le quartier surnommé « Mosku » en basque et « Moscú » en espagnol.)

Le pourquoi de ce livre et de cette entrevue imaginée  par Alfonso Zapico, l’Asturien de Blimea, à Eduardo Madina ou Edu, le Basque de Bilbao et à l’autre Basque d’Irún Fermin Muguruza, tout d’abord en castillan (LOS PUENTES DE MOSCÚ) :

« El primer día de invierno de 2016 se juntaron en Irún Eduardo Madina y Fermin Muguruza. La excusa fue una entrevista para el magazine Jot Down, aunque cualquier pretexto hubiera sido bueno para reunir en la misma mesa a estos dos vascos con trayectorias vitales aparentemente distantes. Madina, político socialista que sobrevivió a un atentado de ETA en 2002, y Muguruza, histórico líder de Kortatu y referente musical de Euskadi, compartieron café y conversación mientras el dibujante Alfonso Zapico retrataba el instante en su cuaderno. Aquellos bocetos fueron la génesis de Los puentes de Moscú, que es el relato de varias generaciones de jóvenes vascos cuya propia historia se dibuja en blanco y negro.

En el mundo de hoy, donde cada día se levanta un nuevo muro en alguna parte, hacen falta más puentes. Ésta es una historia de puentes, de seres humanos que, aún escasos y frágiles, ansían unir las dos orillas de una sociedad compartida. Alfonso Zapico, autor de cómic y contador de historias, se considera sobre todo “dibujante de conflictos. Ninguno tan difícil de comprender –y de explicar– como este de aquí. Tan cruel en sus pequeños detalles, tan doloroso en sus silencios. Dibujar los años negros de Euskadi es embarrar los zapatos en un charco. ¿Por qué lo hago? Por curiosidad, por ver la desembocadura. Tal vez el charco sea ya la desembocadura. Al fondo se ve el mar”, concluye el autor asturiano apoyándose en su admirado Claudio Magris. »

Traduction proposée : 

Le premier jour de l’hiver de 2016 Eduardo Madina et Fermin Muguruza se sont rencontrés à Irún. L’excuse de cette rencontre était une interwiew pour le magazine Jot Down, mais n’importe quel prétexte aurait été bon pour réunir à la même table ces deux Basques aux parcours de vie apparemment éloignés. Madina, homme politique socialiste qui a survécu à un attentat de l’E.T.A. (EUSKADI TA ASKATASUNA ou PAYS BASQUE ET LIBERTÉ) en 2002, et Muguruza, leader historique de Kortatu et référent musical d’Euskadi,qui ont partagé un café et conversé tandis qu’Alfonso Zapico dessinait cette scène sur son carnet. Ces croquis furent la genèse de Los puentes de Moscú, qui est le récit de nombreuses générations de jeunes basques dont la propre histoire se dessine en noir et blanc.

Dans le monde d’aujourd’hui, où chaque jour, quelque part, un nouveau mur est construit, il manque beaucoup de ponts. Cette histoire est celle de ponts, d’êtres humains qui, bien que rares et fragiles , désirent ardemment réunir les deux rives d’une société partagée. Alfonso Zapico, auteur de bandes dessinées et conteur d’histoires, se considère surtout comme « dessinateur de conflits. Aucun n’est aussi difficile à comprendre et-à expliquer- que celui d’ici. Si cruel dans ses petits détails, si douloureux dans ses silences. Dessiner les années noires de l’Euskadi c’est souiller de boue ses chaussures dans une flaque d’eau. Pourquoi je le fais ? Par curiosité, pour voir l’embouchure. Parfois la flaque sera déjà l’embouchure. Au fond, l’on voit la mer », dit en conclusion l’auteur asturien s’appuyant sur les mots de cet écrivain qu’il admire et qui se nomme Claudio Magris.

Et pour conclure :  ce «cómic » de Alfonso Zapico, publié au printemps 2018, a reçu un excellent accueil médiatique et politique en Espagne et a réuni des salles entières pour débattre de ce sujet avec l’annonce récente en mai 2018 de la dissolution de l’organisation Armée Indépendantiste Basque E.T.A.

C’est « une bande dessinée indispensable, qui prouve, s’il le faut encore, qu’ériger des ponts est bien plus constructif que de bâtir des murs ».

Mais, aujourd’hui, toujours, il manque plus de ponts que de murs.

Muchas gracias, Eskerrik asko Alfonso, Edu y Fermin.

Claudine Allende Santa Cruz
Le 26 mai 2019